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Suicide social

Orelsan

6

Aujourd′hui sera l'dernier jour de mon existence

La dernière fois que j′ferme les yeux, mon dernier silence

J'ai longtemps cherché la solution à ces nuisancesÇa m'apparaît maintenant comme une évidence

Fini d′être une photocopie

Finies la monotonie, la lobotomie

Aujourd′hui, j'mettrai ni ma chemise, ni ma cravate

J′irai pas jusqu'au travail, j′donnerai pas la patte

Adieu, les employés d'bureau et leurs vies bien rangées

Si tu pouvais rater la tienne, ça les arrangerait

Ça prendrait un peu d′place dans leurs cerveaux étriqués

Ça les conforterait dans leur médiocrité

Adieu, les représentants grassouillets

Qui boivent jamais d'eau, comme s'ils n′voulaient pas s′mouiller

Les commerciaux qui sentent l'after-shave et l′cassoulet

Mets d'la mayonnaise sur leur mallette, ils s′la boufferaient

Adieu, adieu, les vieux comptables séniles

Adieu, les secrétaires débiles et leurs discussions stériles

Adieu, les jeunes cadres fraîchement diplômés

Qui empileraient les cadavres pour arriver jusqu'au sommet

Adieu, tous ces grands PDG

Essaie d′ouvrir ton parachute doré quand tu t'fais défenestrer

Ils font leur beurre sur des salariés désespérés

Et jouent les vierges effarouchées quand ils s'font séquestrer

Tous ces fils de quelqu′un, ces fils d′une pute snob

Qui partagent les trois-quarts des richesses du globe

Adieu, les p'tits patrons, ces beaufs embourgeoisés

Qui grattent des RTT pour payer leurs vacances d′été

Adieu, les ouvriers, ces produits périmés

C'est la loi du marché, mon pote: t′es bon qu'à t′faire virer

Ça t'empêchera d'engraisser ta gamine affreuse

Qui s′fera sauter par un pompier, qui va finir coiffeuse

Adieu, la campagne et ses familles crasseuses

Proches du porc au point d′attraper la fièvre aphteuse

Toutes ces vieilles, ces commères qui s'bouffent entre elles

Ces vieux radins et leurs économies d′bout d'chandelles

Adieu, cette France profonde

Profondément stupide, cupide, inutile, putride

C′est fini, vous êtes en retard d'un siècle

Plus personne n′a besoin d'vos bandes d'inceste

Adieu, tous ces gens prétentieux dans la capitale

Qui essaient d′prouver qu′ils valent

Mieux que toi à chaque fois qu'ils t′parlent

Tous ces connards dans la pub, dans la finance, dans la com'

Dans la télé, dans la musique, dans la mode

Ces Parisiens, jamais contents, médisants

Faussement cultivés, à peine intelligents

Ces réplicants qui pensent avoir le monopole du bon goût

Qui regardent la Province d′un œil méprisant

Adieu, les Sudistes, abrutis par leur soleil cuisant

Leur seul but dans la vie, c'est la troisième mi-temps

Accueillants, soi-disant, ils t′baisent avec le sourire

Tu peux l'voir à leur façon d'conduire

Adieu, Adieu, ces nouveaux fascistes

Qui justifient leurs vies d′merde par des idéaux racistes

Devenu néonazi parce que t′avais aucune passion

Au lieu d'jouer les SS, trouve une occupation

Adieu, les piranhas dans leur banlieue

Qui voient pas plus loin que le bout d′leur

Haine, au point qu'ils s′bouffent entre eux

Qui deviennent agressifs, une fois qu'ils sont à douze

Seul, ils lèveraient pas l′petit doigt dans un combat d'pouce

Adieu, les jeunes moyens, les pires de tous

Ces baltringues supportent pas la moindre petite secousse

Adieu, les fils de bourges qui

Possèdent tout, mais n'savent pas quoi en faire

Donne leur l′Éden, ils t′en font un Enfer

Adieu, tous ces profs dépressifs

T'as raté ta propre vie, comment tu comptes élever mes fils?

Adieu, les grévistes et leur CGT

Qui passent moins d′temps à

Chercher des solutions que des slogans pétés

Qui fouettent la défaite du survêt' au visage

Transforment n′importe quelle manif' en fête au village

Adieu, les journalistes qui font dire ce qu′ils veulent aux images

Vendraient leur propre mère pour écouler quelques tirages

Adieu, la ménagère devant son écran

Prête à gober la merde qu'on lui jette entre les dents

Qui pose pas d'questions tant qu′elle consomme

Qui s′étonne même plus d'se faire cogner par son homme

Adieu, ces associations bien-pensantes

Ces dictateurs de la bonne conscience

Bien contents qu′on leur fasse du tort

C'est à celui qui condamnera l′plus fort

Adieu, lesbiennes refoulées, surexcitées

Qui cherchent dans leur féminité une raison d'exister

Adieu, ceux qui vivent à travers leur sexualité

Danser sur des chariots, c′est ça votre fierté?

Les Bisounours et leur pouvoir de l'arc-en-ciel

Qui voudraient m'faire croire qu′être hétéro, c′est à l'ancienne

Tellement, tellement susceptibles

Pour prouver que t′es pas homophobe,

Faudra bientôt que tu suces des types

Adieu, ma Nation

Tous ces incapables dans les administrations, ces rois de l'inaction

Avec leurs bâtiments qui donnent envie de vomir

Qui font exprès d′ouvrir à des heures où personne n'peut venir

Mêêêêh! Tous ces moutons pathétiques

Change une fonction dans leur

Logiciel, ils s′mettent au chômage technique

À peu près l'même Q.I. que ces saletés d'flics

Qui savent pas construire une phrase en dehors d′leurs sales répliques

Adieu, les politiques, en parler serait perdre mon temps

Tout l′système est complètement incompétent

Adieu, les sectes, adieu, les religieux

Ceux qui voudraient m'imposer des règles pour que j′vive mieux

Adieu, les poivrots qui rentrent jamais chez eux

Qui préfèrent s'faire enculer par la Française Des Jeux

Adieu, les banquiers véreux, le monde leur appartient

Adieu, tous les pigeons qui leur mangent dans la main

J′comprends que j'ai rien à faire ici quand j′branche la Un

Adieu, la France de Joséphine Ange Gardien

Adieu, les hippies, leur naïveté qui changera rien

Adieu, les SM, libertins, et tous ces gens malsains

Adieu, ces pseudo-artistes engagés

Plein d'banalités démagogues dans la trachée

Écouter des chanteurs faire la morale, ça m'fait chier

Essaie d′écrire des bonnes paroles avant d′la prêcher

Adieu, les p'tits mongols qui savent écrire qu′en abrégé

Adieu, les sans-papiers, les clochards, tous ces tas d'déchets

J′les hais: les sportifs, les hooligans dans les stades

Les citadins, les bouseux dans leur étable

Les marginaux, les gens respectables

Les chômeurs, les emplois stables, les génies, les gens passables

De la plus grande crapule à la Médaille du Mérite

De La Première Dame au dernier trav' du pays!